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AMINA MOHAMMED (ONU): « IL NOUS RESTE 8 ANS POUR TENIR NOS PROMESSES SUR LES OBJECTIFS DU DEVELOPPEMENT DURABLE »

Amina Mohammed le numéro 2 de l'ONU

La 78éme session de l’Assemblée générale de l’ONU s’ouvre ce mardi 19 septembre à New York, l’occasion pour les Nations unies de braquer leurs projecteurs sur les objectifs de développement durable (ODD), ces 17 indicateurs qui doivent pousser les pays à faire des progrès en matière de développement d’ici 2030. Malgré des retards aux temps de passage, Amina Mohammed, la numéro 2 de l’ONU, a assuré que ces outils ne sont pas obsolètes, ils nécessitent un nouvel engagement politique.

RFI : Quelles doivent être les priorités des objectifs de développement durable ?

Amina Mohammed : Pour nous, les 17 ODD sont essentiellement des investissements qui doivent être réalisés avec les populations, au sein des économies et dans le respect de l’environnement. Alors qu’est-ce que cela signifie ? Si vous regardez les six premiers objectifs, ce sont les investissements nécessaires et les droits fondamentaux en matière de santé, d’alimentation, de nutrition, d’eau et d’assainissement, les droits de genre, les droits des femmes et les droits des filles. 

Tout cela peut être réalisé par les sept objectifs suivants, qui portent sur l’économie et comment nous pouvons investir pour rendre la sphère économique inclusive. En matière d’inégalités, si vous investissez dans les écoles, on ne le fait pas seulement pour les garçons, on le fait aussi pour les filles. Vous investissez dans le programme scolaire, vous vous assurez que ce programme s’adapte également aux compétences et aux capacités des filles.

L’égalité est donc vraiment cruciale. Mais il est également important pour la communauté internationale que ces objectifs soient mondiaux. Notre objectif, c’est que les ressources soient exploitées de manière plus équitable et qu’elles ne soient pas réservées à une seule partie du monde. Ce qui donne l’opportunité aux pays pauvres non pas de recevoir l’aumône, mais d’avoir accès aux ressources d’une façon tout aussi équitable. Pouvoir bénéficier des mêmes taux d’intérêt pour construire vos écoles, pour financer des industries. Ensuite, il y a les derniers objectifs qui portent réellement sur le climat, sur la gouvernance, les institutions, l’État de droit et les partenariats.

RFI : Vous dites que nous sommes en retard sur la réalisation de ces 17 indicateurs… Quel retard avons-nous accumulé, et que faut-il mettre en œuvre pour être de nouveau sur la bonne voie pour 2030 ?

On est en retard de sept ans ! Nous avons fait des promesses en 2015 et nous ne les avons pas tenues. 15% des objectifs remplis seulement, c’est un chiffre assez épouvantable. C’est donc très décevant. Il nous reste encore sept à huit ans pour y parvenir. Ce ne doit pas être qu’un engagement, ce doit être une volonté politique clairement affichée avec un leadership adéquat.

C’est de notre responsabilité de placer l’argent exactement là où sont nos engagements. Nous pourrons alors y arriver. Et nous avons déjà eu de nombreuses occasions de voir ce que cela signifie. En termes de ressource, cela signifie une meilleure gestion de celles-ci dans de nombreux pays. Cela signifie accorder plus d’importance à la manière dont nous extrayons les matières premières, à l’exclusion des communautés, à la question cruciale de savoir s’il s’agit de minéraux essentiels à la nouvelle ère numérique.

Mais cela signifie aussi que nos institutions financières doivent être réformées car elles ne fonctionnent plus en 2023. Elles doivent être adaptées. La Banque mondiale ou la banque multilatérale de développement et, bien sûr, nos gouvernements doivent se pencher sur une nouvelle gouvernance.

RFI : Il existe un certain mécontentement dans les pays en développement quant à la manière dont ils ont été traités par les puissances occidentales…

Je pense que ce que le Sud global attend, c’est une concrétisation des Objectifs de développement durable et des promesses qui ont été faites, qui incluent l’accord d’Addis-Abeba. C’est ce que disent les pays du Sud. Le déficit de confiance est dû au fait que les promesses de 100 milliards par an pour le climat ne se sont pas concrétisées. Ces promesses d’aide au développement, qui représentaient un pourcentage important du PIB, ne se sont pas concrétisées.

Et pour chacun de ces ODD, ces ressources n’ont pas été mises en œuvre. Du coup, si vous n’investissez pas dans le développement, si vous n’investissez pas dans la population, vous créez des pays instables, plus de conflits, plus de changements de gouvernement anticonstitutionnels. Parce que le problème n’est pas seulement se retrouver avec un gouvernement inadapté, incapable d’investir au profit de sa population. C’est en fait le contrat social qui est rompu. C’est pour cela qu’il y a de la frustration, qu’il y a de la colère. Et j’espère que nous pourrons résoudre ces problèmes parce que nous avons les solutions pour le monde d’aujourd’hui.

Sept ministres y ont disserté, lundi en marge de l'assemblée générale de l'ONU, sur les « défis » et surtout les « opportunités » de l'intelligence artificielle (IA).

Pour cette 78ème Assemblée générale de l’ONU les enjeux pour le climat sont nombreux et impénétrables. Dans un monde en voie de fracturation, les réformes peinent à se mettre en place. Des dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, seul Joe Biden sera présent.

Les quatre autres – Xi Jinping (Chine), Vladimir Poutine (Russie), Emmanuel Macron (France) et Rishi Sunak (Royaume-Uni)- ont dépêché leurs représentants (la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna pour la France). Les raisons de ces défections sont plurielles (le président français reçoit Charles III et le pape François ; le président russe ne voyage plus), mais le signal est d’autant plus négatif que la dernière assemblée pointait justement les risques d’un monde en voie de « fragmentation » et de « fracturation ».

« Ce que nous vivons aujourd’hui est plus qu’un test de l’ordre (mondial) de l’après-guerre froide. C’est sa fin », avait résumé le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken , dans un discours à l’université Johns Hopkins, reconnaissant dans le même temps que « la mise en place d’une coopération internationale est devenue plus complexe », « non seulement en raison des tensions géopolitiques croissantes, mais aussi en raison de l’ampleur considérable des problèmes mondiaux ».

Antonio Guterres a résumé simplement sa feuille de route : « Les gens attendent de leurs dirigeants une solution pour sortir de ce pétrin », pointait il y a quelques jours le secrétaire général de l’ONU. Il listait les défis mondiaux, de « l’aggravation de l’urgence climatique à l’escalade des conflits en passant par la crise mondiale du coût de la vie, la montée en flèche des inégalités et les bouleversements technologiques spectaculaires ».

Alors que les délégations des 193 Etats membres sont réunies pour « la semaine de haut niveau » de leur assemblée générale annuelle, l’ONU peine dans le même temps à masquer sa perte d’influence. Un seul fait l’illustre crûment : des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, seuls les Etats-Unis verront leur président à la tribune, ce mardi.

Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres le September 2023.

Lundi 18 Septembre, un premier sommet devait faire le point des objectifs de développement durable (ODD), un programme en dix-sept points adopté en 2015 et qui vise à améliorer le sort des moins nantis d’ici à 2030. Une grande majorité des dossiers (mortalité infantile, accès à internet ou à l’électricité…) est en retard sur les objectifs. « Toute décision importante en matière de stratégie et de ressources concernant le développement mondial attendra probablement les réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI qui se tiendront le mois prochain, au Maroc », note la Fondation Carnegie.

Le vote condamnant les annexations russes en Ukraine durant une assemblée générale des Nations unies, le 12 octobre 2022.

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