Depuis le milieu du XXème siècle, la Grande Accélération, caractérisée par le développement économique planétaire et par l’intensification des activités humaines (agriculture, industrie, transport, etc.), associée à la croissance démographique, a conduit à l’utilisation accrue des ressources naturelles (eau, énergie, terres, matières premières, etc.) mettant la planète sous pression : accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, perte de biodiversité, acidification des océans, modification des cycles de l’azote et du phosphore, consommation de l’eau douce, etc.


Comme le rappelait le Rapport Meadows, « une croissance exponentielle est insoutenable face à une ressource finie ». Si en 1972 la problématique était de montrer comment éviter le dépassement, trente ans plus tard, l’enjeu est désormais de revenir dans les limites de la planète. Dans la continuité de ces travaux, en 2009, une nouvelle approche visant à améliorer l’information sur les risques de changements environnementaux brusques globaux induits par l’empreinte humaine et susceptibles d’affecter les écosystèmes et le bien-être, a vu le jour : le concept scientifique des neuf limites de la planète (Rockström et al.).

Dans la continuité des travaux du Club de Rome (Meadows et al., 1972) une nouvelle approche visant à améliorer l’information sur les risques de changements environnementaux brusques globaux induits par l’empreinte humaine et susceptibles d’affecter les écosystèmes et le bien-être, a vu le jour : le concept scientifique des neuf limites de la planète (Rockström et al.).

EN QUOI CONSISTE LES LIMITES PLANETAIRES?

Le concept des limites planétaires définit un espace de développement sûr et juste pour l’humanité, fondé actuellement sur neuf [1] processus biophysiques qui, ensemble, régulent la stabilité de la planète : le changement climatiquel’érosion de la biodiversitéla perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphoreles changements d’utilisation des solsl’acidification des océansl’utilisation mondiale de l’eaul’appauvrissement de l’ozone stratosphériquel’augmentation des aérosols dans l’atmosphèrel’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère.

Le schéma des limites planétaires

Le concept offre ainsi une vision globale et transversale des risques planétaires car il permet de suivre les interactions entre ces différents domaines. La raréfaction des ressources (fossiles, minérales) n’est pas prise en compte dans les limites planétaires, car elle n’est pas considérée comme un système risquant de basculer dans un état radicalement différent susceptible de menacer la vie humaine.

Des seuils quantitatifs ont été définis pour sept des neuf limites. En 2009, l’équipe de chercheurs menée par Johan Rockström indiquait que trois d’entre elles étaient franchies (changement climatique, érosion de la biodiversité, perturbation du cycle de l’azote). Lors de la révision du modèle conceptuel (Steffen et al., 2015), de nouveaux seuils prennent alors en compte le niveau régional et l’hétérogénéité des processus. Une nouvelle limite est franchie (changements d’utilisation des sols). S’il suscite parfois de nombreux débats, le concept des limites planétaires est aujourd’hui reconnu et adopté aux niveaux européen (AEE, Commission européenne) et international (notamment par les Nations Unies).

De l’Holocène à l’Anthropocène


Compte tenu de l’ampleur croissante des pressions anthropiques sur l’environnement naturel, de nombreux scientifiques indiquent que la Terre aurait quitté l’Holocène (époque géologique relative à la stabilité des conditions d’habitabilité sur Terre au cours des 10 000 dernières années) pour entrer dans une nouvelle époque, l’Anthropocène (Steffen et al., 2011).

En utilisant le terme « Anthropocène » pour la première fois en 2000, Paul Crutzen souligne que « l’empreinte humaine sur l’environnement planétaire est devenue si vaste et intense qu’elle rivalise avec certaines des grandes forces de la Nature en termes d’impact sur le système Terre  » (Bonneuil et Fressoz, 2016).

Toutefois, alors qu’elle fait l’objet d’un consensus de plus en plus fort au sein de la communauté scientifique et dans la sphère politique, cette nouvelle ère, l’Anthropocène, n’est pas encore officielle et sera soumise au vote de l’Union internationale des sciences géologiques en 2020.

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