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ÉCRIRE POUR SE VENGER DE L’AFFLICTION DU RÉEL

Yasmina Khadra, l'écrivain aux multiples talents

« Vous avez vu ces coquilles qui sont collées aux baleines, je suis cette coquille qui est collée à l’Algérie. Et peut-être le fait même d’aimer mon pays, c’est la raison de mon exclusion et de disqualification par les institutions littéraires françaises. J’aime ce pays et ils attendent que je fasse ce qu’ils voudraient que je dise. Ils ne l’auront jamais ! Ils ne l’auront jamais ! je suis un homme digne, j’ai toujours été honnête même avec mes ennemies. Et tout ce que je sais, ça ne m’empêche pas de bien vivre, de bien écrire et bien rayonner vers le monde. Malgré les exclusions en France, je suis quand même l’écrivain français vivant plus traduit au monde. C’est ça mon triomphe. »

« Moi je vois cette Afrique menacée plus que jamais aujourd’hui par la prédation des grandes puissances mondiales. Elle est menacée. Si l’Afrique ne se réveille pas toute suite pour faire face à ces obligations, elle va être un espace vital simplement convoitée par n’importe quel petit salopard dans le monde. Il faut donc se réveiller. J’ai écrit dans les sirènes de Bagdad, aujourd’hui nous sommes les vallées de l’occident, demain nos enfants seront ses esclaves. C’est à nous de choisir ce qu’on veut faire de nos pays. »

Yasmina KHADRA est un écrivain algérien très prolifique. Il est né le 10 janvier 1955 à Kenadsa, en Algérie. Auteur d’une trentaine d’ouvrage, il est traduit aujourd’hui dans plusieurs langues et publié dans une cinquantaine de pays. C’est un auteur engagé qui puise son inspiration dans son passé militaire. Son style à la fois brutal et poétique séduit le public, les critiques et les dramaturges qui ne cessent d’adapter ses ouvres partout dans le monde. Dans la plupart de ses ouvrages, il aborde avec courage les conflits qui déchirent le moyen orient. Les divergences entre les sociétés orientales et occidentales sont parmi les plus importants sujets qu’il aborde. Son nouveau livre est intitulé Cœur d’amande. Il est paru aux éditions Barrault. C’est un roman lumineux sur la résilience, la maladie, le handicap et l’amitié. Ce roman qui dénote toutes les sensations. Pour en parler, nous avons Yasmina Khadra.

Bonjour, Yasmina Khadra

Bonjour !

Vous avez aujourd’hui véritablement des livres qui sont marqués et marquants. Des livres tellement bien écrits. Comment définir aujourd’hui avec ce livre Cœur d’amande cette transition qui parle d’un autre Yasmina Khadra et qui marque une autre étape dans votre parcours ?

Moi je me suis toujours diversifié. Je n’ai pas peur de me diversifier. C’est comme ça que je me teste et m’approprie des états d’âme et de ce que je peux construire autour de moi, une atmosphère bien précise, un style d’écriture. Pour moi c’est un univers où on perpétue l’exploitation. Je l’explore et l’explore encore. Je ne sais pas où je vais mais le plus important c’est de donner le meilleur de moi-même.

On veut pénétrer votre processus de création car vous avez la qualité et la maitrise de la langue. Comment travaillez-vous la trame et la dramaturgie parce qu’il y a l’histoire et la manière de l’écrire ?

En littérature, il y a des histoires qu’on raconte et les histoires qu’on écrit. Moi je préfère écrire mes histoires, accompagner mon histoire avec un texte, quelque chose qui peut interpeller l’intelligence des jeunes gens, des figurants, des retrouvailles. Il faut créer tout un feu de Bengale dans un texte. Moi je veux enflammer un texte et de cette manière je suis absolument certain que le lecteur adhère. Car il est dans l’attente de quelque chose de l’auteur. Il faut que l’auteur donne ce que le lecteur attend de lui sinon il aura failli. Aucun de mes ouvrages ne ressemble à l’autre, La dernière nuit du Rais par exemple n’a absolument rien à voir avec Les Agneaux du seigneur. Et même au niveau des personnages, il y a une différence. Je trouve presque incorrecte de reposer une histoire sur un style monocaule. On ne peut pas raconter la tragédie avec le même signe et la joie avec la même manière. Il faut une atmosphère, il faut qu’il y ait un rythme.  Et moi je travaille beaucoup sur l’atmosphère et le rythme. Je fais en sorte que mon lecteur et ma lectrice quand ils commencent un chapitre, qu’ils le finissent. Qu’il ne s’arrête pas au beau milieu.

Comment ces idées arrivent ? Comment vous les travaillez ? Parce qu’il y a d’abord une matière humaine et aussi une description surprenante tellement elle est détaillée. Comment travaillez-vous les sujets pour atteindre ce degré d’analyse, de pertinence et de captation ?

D’abord quand je raconte à la première personne du singulier, alors je deviens principalement le personnage. Je l’étudie en profondeur. J’essaie d’accéder à ses plus intimes secrets. Et quelque fois quand je raconte à la troisième personne du singulier, je vois le personnage faire son propre chemin. Il ne m’appartient plus ce chemin. C’est à lui de créer l’atmosphère qu’il voudra proposer aux lecteurs. Moi je ne suis pas un grammairien, mais plutôt un artisan du verbe. Je suis un artisan du verbe.

Mais au-delà d’être un artisan du verbe, il y a aussi une construction, il y a des personnages. Comment vous faites, comment vous vous documentez et obtenez vos fiches ?

Moi je fais un film dans ma tête. Quand le fait m’est totalement bouclé, je commence l’écriture. Mon problème ce n’est pas l’imaginaire, c’est comment écrire. Comment structurer l’histoire. Quels signes trouvés. Donc j’imagine d’abord l’histoire, les films et les personnages, et quand je suis complètement convaincu que l’histoire est bien ficelée et bien bouclée, je commence l’écriture.

Comment est votre bio rythme au quotidien ?

Moi je suis jaloux des écrivains qui sont très bien disciplinés. Certains sont admirablement bien discipliné. Ils se lèvent 5h du matin et écrivent jusqu’à 9 h du matin. Moi je n’ai pas cette discipline. Quand je suis inspiré je commence à 9 heures et termine à minuit par exemple. Je suis happé par mes textes et mes personnages. Même si j’ai envie d’aller dormir, parfois ils me retiennent et m’obligent de finir le texte avant de s’en aller. C’est physique. J’ai un rapport avec mes personnages de fiction, un rapport totalement physique

Pourquoi le choix du roman, Cœur d’amande ? le roman c’est la transgression. C’est un univers reconstruit où on peut tout dire…

On peut tout dire même en poésie, hein ! Mon rêve c’était de devenir poète. Quand je prenais certains textes, certains poèmes arabesques, je pouvais me dire que je ne peux pas faire une chose pareille. Je me lançais dans la fiction pour éviter d’être un mauvais poète.

L’Universel, c’est aussi partir de l’humain.

L’humain c’est partout. Tout le monde parle de l’humain. L’universel c’est autre chose. C’est de ne pas venir atteindre l’âme et l’esprit de tous les humains sur terre.  Que ce soit une nouvelle, un poème, un roman, c’est toujours l’humain que vous mettez en exergue.

Vous vivez à Paris ?

Non, je passe plus de temps en Algérie qu’à Paris. J’étais à Paris parce que mes enfants étaient petits. Maintenant je ne vis plus ici longtemps. C’est une ville qui ne m’inspire pas beaucoup.

Sur la trentaine de livres que vous avez écrits, notamment ce livre, qui se passe à Montmartre. Il y a ce côté village qui rappelle les villes arabes

Ce que je trouve admirable à Barbès, c’est cette fusion de cosmopolitisme. Les gens sont là, se croisent, vivent ensemble. J’aime entendre les gens vivre. Moi je vivais dans le 16e arrondissement, à Trocadéro, Paris, les gens passent comme des fantômes et ne disent pas bonjour. Vous allez à Anvers, Pigalle, surtout à Barbès, vous entendez des gens s’interpeller a des centaines de mètres. Ça c’est la vie ! J’aime. Je n’ai pas essayé de pénétrer ce monde. J’ai préféré l’observer. Déjà ma présence est une intrusion. Ce sont des jonctions très méfiantes. Ici les gens vivent dans une sorte de paranoïa. Les flics sont partout. Contrairement en Afrique avec les vendeurs à la sauvette partout qui vivent ensemble. C’est comme ça l’humanité devrait être.

Le choix de Montmartre n’est pas un choix neutre ?

Non ! parce que Paris ne m’inspire rien. Paris ne m’inspire absolument rien. Quand je m’ennuis, j’ai le sentiment d’être fatigué, épuisé par ce stress ambiant, je vais à Montmartre me recycler, me ressourcer et cela me donne une énergie, une africanité exceptionnelle.

Dans tous vos romans, il y a l’appropriation des lieux, d’éléments et d’images. Comment tout cela opère en vous ?

On essaie d’être un peu honnête. Très proche de la réalité. Je suis une sorte de guide. Je prends mon lectorat par la main, je l’amène voir le monde de plus près. Je n’ai peur de l’amener jusqu’au cœur de l’enfer parce que je ne le brulerai pas. Je finirai peut-être par l’éclairer mais pas le brûler. 

Vous êtes un romancier assez reconnu et lu, mais votre passé de militaire essaye de faucher l’image que vous êtes aujourd’hui ?

Ça dépend du pays. En France, oui ! parce que le rapport historique l’Algérie est traumatisant. Les gens se sont verrouillées dans une certaine idée de l’autre, cela fauche un tout petit peu. Surtout ce sont des institutions littéraires qui me boycottent, qui me caricaturent et discriminent.

Pourquoi ?

 Je ne sais pas pourquoi, je ne vais pas leur demander et je ne veux même pas savoir pourquoi. Ce que je sais, ce qu’en France j’ai un lectorat qui me soutiens, qui m’encourage, qui m’aime et qui me permet d’aller de l’avant. Je suis partit à Bruxelles, je ne suis pas seulement acclamé. Je suis célébré. Les gens sont propres. Un journaliste fait son travail, il lit mes textes. S’il ne l’aime pas ce n’est pas parce qu’il ne vous aime pas, c’est parce qu’il n’aime pas votre texte.

Vous êtes bilingue. Vous êtes arabisant de formation et vous maitriser le français.

Je n’ai pas les outils en arabe qui me permettent de dire ce que je dis en langue française. Parce que quand j’étais enfant pour devenir poète en arabe, c’était l’humiliation.

Choisir le français, ça véhicule des idées et ce sont des rencontres ?

La langue française ne m’intéressait pas quand j’étais au collège et au lycée. Moi je voulais devenir poète en arabe. Je m’intéressais beaucoup à la littérature arabe. Mais il a fallu un jour qu’un professeur s’attarde un peu sur mon imaginaire malgré la médiocrité de mon français et il m’a encouragé de persévérer et pour ne pas le décevoir j’ai commencé à aimer sa langue. En aimant cette langue, j’ai découvert sa magnificence.

Aujourd’hui on ne peut pas vous détacher de l’Algérie

Vous avez vu ces coquilles qui sont collées aux baleines, je suis cette coquille qui est collée à l’Algérie. Et peut-être le fait même d’aimer mon pays, c’est la raison de mon exclusion et de disqualification par les institutions littéraires françaises. J’aime ce pays et ils attendent que je fasse ce qu’ils voudraient que je dise. Ils ne l’auront jamais ! Ils ne l’auront jamais ! je suis un homme digne, j’ai toujours été honnête même avec mes ennemies. Et tout ce que je sais, ça ne m’empêche pas de bien vivre, de bien écrire et bien rayonner vers le monde. Malgré les exclusions en France, je suis quand même l’écrivain de langue française vivant le plus traduit au monde. C’est ça mon triomphe.

Votre matrice de départ est l’Algérie, mais vous avez su en sortir pour encore mieux en revenir ?

Oui ! parce que tout simplement, par honnêteté, par probité morale et intellectuelle, je me demandais à une époque si ce n’était pas le malheur de mon pays qui faisait ma notoriété. Je ne le supportais pas, cette idée. Ce n’est pas parce que j’ai écrit sur l’Algérie que je suis devenue célèbre. Je me demandais si les gens s’intéressent à mes textes, à mes désespoirs, à l’émoi ou aux miens. Alors je me suis dis la seule façon de le savoir, c’est de sortir de l’Algérie. J’ai commencé par Les Hirondelles de Kaboul qui a été un succès planétaire, L’attentat, les Sirènes de Bagdad un succès planétaire aussi. J’ai compris que les hommes lisent parce qu’ils apprécient ce que je leur propose comme littérature.

Pourquoi cette magie. L’Algérie crée une magie inexplicable sur vous.

L’amour ! D’ailleurs j’aime ce pays car j’ai la mentalité maghrébine. Je ne m’arrête pas à l’Algérie. Ça veut dire que je rêve du grand Maghreb. Nous avons le devoir de se retrouver et reformer ce Grand Maghreb. Il faut arrêter ces stupidités qui graissent des nations de même culture. Nous sommes des arabo berbères que ce soit en Tunisie, en Algérie, au Maroc, nous sommes un même peuple. Il faut aller même vers la Libye si elle peut se donner un peu d’air. Moi je suis un grand rêveur du grand Maghreb et avec le grand Maghreb nous aurons besoin de rien. Nous allons tourner le dos au monde entier, nous allons construire des Etats fabuleux en méditerranée.

Ça c’est le discours. Mais en réalité, le paradoxe, c’est que tout le monde vient en Europe.

Ils vont se retourner. L’Europe c’est fini. Elle a choisi sa doctrine. L’Europe aux Européens. Ce qui ne l’on pas encore compris le paieront très cher plus tard. Ce sont nos pays qui doivent nous aider pour retourner dans nos pays.  

Est-ce qu’aujourd’hui au-delà de l’écriture, êtes-vous intéressé à la marche du monde ? On voit des conflits, des crises, des guerres… Qu’est ce que tout cela vous annonce ?

C’est le nouvel ordre mondial. C’est les puissants contre les faibles. Il a commencé, le nouvel ordre mondial. Ça veut dire maintenant il n’y a plus de morale, il n’y a plus d’interdit. En prenant l’uranium comme exemple, on trouve un texte pour attaque le Niger et l’occuper pour voler ses richesses. Maintenant il faut que les gens comprennent que nos pays sont en danger. Il est impératif de penser aux générations de demain. Les gens sont morts pour nous. Nos parents et grands parents sont morts pour nous. Ils ont souffert le martyr pour nous. Essayons de faire quelque chose pour nos enfants.

Est-ce que vous croyez les valeurs et les principes de la francophonie.

Non ! je ne crois pas en la francophonie. C’est une institution téléguidée et télécommandée. Je ne suis pas de la francophonie. Je suis écrivain de la langue française. J’écris en français et je n’écris pas comme les français. C’est une langue à moi, une sensibilité à moi, une sensibilité totalement algérienne. L’humour est algérien. Les trouvailles sont algériennes. La colère est algérienne. Je mets mon algérité dans mes textes.

On partage cette langue avec certains pays africains…

Chacun prend ce qu’il veut. Moi je ne partage avec personne ma langue. Je la partage avec mon lectorat.

Vous faites parti de l’Afrique. Comment intégrer ce continent dans le nouvel ordre mondial, et développement international ?

Moi je vois cette Afrique menacée plus que jamais aujourd’hui par la prédation des grandes puissances mondiales. Elle est menacée. Si l’Afrique ne se réveille pas toute suite pour faire face à ces obligations, elle va être un espace vital simplement convoitée par n’importe quel petit salopard dans le monde. Il faut donc se réveiller. J’ai écrit dans les Sirènes de Bagdad, aujourd’hui nous sommes les vallées de l’occident, demain nos enfants seront ses esclaves. C’est à nous de choisir ce qu’on veut faire de nos pays.

C’est surprenant cette manière de raconter les choses. Vous parlez sans mâcher les mots de façon rythmés qui ressemble à des proverbes

Allez en Algérie, au Kabylie, dans le Sahara, vous allez voir et écouter les gens. Ils parlent comme ça.

Vous êtes un peu le conteur de cette région.

Non, je ne suis pas le conteur. Je suis le romancier qui ne fait pas des comptes. Mes histoires sont basées sur la fiction mêlée de l’émotion et de la réalité. Je suis le faiseur de verbes. L’artisan du verbe.

Dans l’appropriation du JE, vous n’avez pas envie d’imprimer ce regard pour dire votre analyse du monde.

On est en démocratie. Mais sincèrement je ne crois plus dans la démocratie. C’est fini. Les masques sont tombés. Derrière leurs masques transparents, on pensait qu’il y avait quelque chose à sauver. On ne veut pas entendre parler de démocratie. Moi je suis quelqu’un de libre. Je sais un jour je vais mourir. Je n’ai pas le droit de m’incliner devant personne sauf devant quelqu’un de plus genreux que moi, de plus génial que moi, ça il n’y a pas de problème je m’incline. Quand je trouve quelqu’un qui m’apporte de quoi m’émerveiller, m’instruire, m’élever, avoir de l’estime pour moi-même, dans ce cas je m’incline. Mais jamais devant n’importe qui.

Quelle analyse faite vous sur le sud global, le BRICS qui gagne du terrain, et la réorganisation mondiale qui s’appuie sur un certain nombre de facteurs de la mondialisation ?

Il y a un nouveau dispositif qui est entrain de se mettre en place parce que l’être humain ne va pas vers ce qui est merveilleux. L’écrivain ne va pas ce qui pourrait l’aider à surmonter les épreuves. Il va vers les difficultés pour se compliquer l’existence. Alors que tout est simple. Il faut savoir trouver l’aisance dans la frugalité. Il faut savoir bituner dans n’importe quel jardin pour faire son miel. Il fait savoir partager. Quand on n’aime pas quelqu’un on l’ignore. Mais qu’on n’aille pas vers lui car si vous détestez quelqu’un ça vous pourri la vie. Essayez d’aller vers les gens que vous aimez. Surtout arrêtez de vous inventez des ennemis parce que vous pouvez trouver des pires dans votre propre famille. Moi je m’enrichi de n’importe quelle rencontre. Je suis dans un train, il y a quelqu’un a cote de moi, je lui parle et a la fin du voyage il devient mon ami. Et on peut rester en contact. Je suis un homme du Sahara ouvert à tout.

Comment vous rentrez au pas en communion avec plein d’écrivains francophones ?

Je n’ai aucun lien avec les écrivains francophones. Je suis d’entier simplement. Vous savez ce que c’est que la richesse ? c’est de ne rien attendre. Et la liberté, c’est de ne rien devoir.

Ça donne l’impression que vous êtes entré dans une sorte d’épuration de choix

J’ai toujours été comme ça. Depuis mon enfance, j’ai toujours été un enfant du désert. Le sable m’a poli, il m’a aseptisé. Et je suis resté comme ça.

Mais vous êtes resté toujours un rebelle qui proteste ?

Moi rebelle, non ! j’apporte des ingrédients pour que les gens aient leurs propres idées de ce qui se passe autour d’eux. Je n’impose rien. Je propose.

Avec une trentaine de livre, quels sont vos sentiers d’avenir dans cette écriture ?

Tout dépend de l’inspiration que j’aurai dans le futur. Personne ne saura vous répondre à cette question. Aucun écrivain. C’est une question d’inspiration. J’ai écrit quelque part que la fiction me venge de l’affliction du réel. Cette fiction, je suis très à l’aise avec les personnages que je crée. Même si ce sont de salauds, de petits salaupards. Il fait que je les aime pour pouvoir accéder jusqu’aux détails qui les singularisent.

Votre choix d’être romancier c’est d’entrer dans les détails ?

C’est comme ça, ce sont les détails qui m’inspirent. J’ai écrit Cœur d’amande, c’est un roman qui me fait du bien. J’ai voulu me faire du bien à moi. J’ai écrit ce roman et je suis absolument convaincu qu’il va faire du bien à mes lecteurs. Et ça commence déjà. Les gens m’écrivent que c’est exactement ce qu’ils attendaient de moi.

 On sent justement une différence dans ce roman, vous êtes dans un apaisement avec des histoires riches à l’échelle humain, c’est ça le mystère ?

Oui ! vous savez le summum de l’efficacité d’un écrivain, c’est de permettre d’accéder à la complexité des êtres et des choses avec un style simple. La simplicité est la base du succès. La force de toute chose réside dans la simplicité. J’ai la chance d’avoir une attention fantastique de partout dans le monde. Et ça me donne une force intérieure et morale imperturbable. J’ai le sentiment d’être utile.

Vous avez la chance d’être traduit dans 58 langues, vous êtes présent dans de nombreux pays. Avez-vous des interactions avec vos lecteurs et lectrices ?

Oui, oui ! on m’écrit sur ma page Facebook. Mais le problème, c’est que la société Facebook a sanctionné ma page à 98% à cause de mes écrits sur Gaza. Maintenant je ne peux pas toucher plus de 1.000.000 personnes. Avant quand je publiais un post, je touchais plus de 350.000 jusqu’à 1 millions de personnes. On est dans la tyrannie.

Dans cette phase, quel est votre défi majeur ?

Mon défi est de ne pas baisser les bras, de continuer d’être à la hauteur des attentes de mon lectorat.

ENTRETIEN : Hichem Ben YAICHE

TRANSCRIPTION : Mamadou BAH

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